Les programmes commerciaux de perte de poids foisonnent sur Internet. Ils pourraient être considérés comme des alternatives, souvent peu coûteuses, aux traitements standard, mais peu de données sont disponibles sur leur efficacité.
Une étude (19) a pour but d’étudier l’efficacité d’un site proposant un programme comportemental pour perdre du poids (VTrim) par rapport à un site proposant un régime commercial simple de perte de poids (eDiets.com). Les participants à VTrim ont eu accès à un programme de perte de poids en
ligne basé sur le comportement, conduit par un thérapeute. Les participants à eDiets.com ont accès à programme commercial auto suivi, en ligne.
L’analyses des mesures répétées montre que le groupe VTrim perd significativement plus de poids que le groupe eDiets.com à 6 mois (8,3 +/-7,9 kg vs.4,1 +/-6,2 kg) et maintient une meilleure perte à 12 mois (7,8 +/-7,5 kg vs. 3,4 +/-5,8 kg). Plus de participants du groupe VTrim (65 % vs 37,5 %) maintiennent un objectif de perte de 5 % du poids initial à 12 mois.
Le programme en ligne conduit par un thérapeute et basé sur le comportement permet de perdre plus de poids qu’un site commercial auto-suivi. Par leur accessibilité, les sites commerciaux ont un fort impact potentiel sur la Santé Publique. La recherche future devrait donc se pencher sur la faisabilité
d’incorporer un programme comportemental structuré dans une application commerciale. En effet, un programme incluant une dimension comportementale ainsi qu’un soutien psychologique, en plus des traditionnels conseils diététiques, seraient plus efficaces à court et à moyen termes. Une revue des études portant sur des programmes amincissants délivrés sur Internet aux USA, dans le but d’évaluer leur efficacité, est proposée par Weinstein (20). Sur 8 études incluses dans cette revue, 7 rapportent des résultats positifs : 3
évaluent Internet comme un moyen de maintenir sa perte de poids à long terme, et 3 autres rapportent des résultats plus équivoques.
Les données issues des revues suggèrent qu’Internet pourrait être une alternative au traditionnel programme en face-à-face mais des questions subsistent quant à l’efficacité de l’utilisation d’Internet pour le maintien du poids sur le long terme. Parce que les sujets de toutes ces études sont majoritairement des femmes
caucasiennes à niveau d’instruction élevé, la généralisation des résultats de cette revue est limitée.
Les futures recherches sont nécessaires pour déterminer l’adéquation de ces programmes pour divers âges, appartenances ethniques, et groupes socioéconomiques.
Conclusions
Les praticiens sont unanimes : la très grande majorité des régimes basés uniquement sur conseils diététiques échouent à 5 ans. Proposer un régime est facile ; le suivre est faisable sur une période limitée avec un peu de motivation. Mais garder le bénéfice du régime à moyen ou longterme est très difficile. Est-ce à dire que les régimes sont de mauvaises méthodes pour perdre du poids, mais de très bonnes pour désocialiser un individu, et lui gâcher sa vie à venir ?
En plus des mécanismes métaboliques de pertes de poids, provoqués par les diverses modifications alimentaires (restriction calorique, lipidique, glucidique, apport accru en protéines…) et de l’activité physique, les dimensions psychologiques, sociales et hédoniques sont indissociables de la réussite d’un régime de perte de poids. L’accompagnement du patient durant son régime devrait donc être une préoccupation centrale.
La bonne thérapeutique est de comprendre comment, pourquoi et quand s’est effectuée la prise de poids, à quel comportement elle est due et à quelles habitudes elle a mené. Les goûts, le psychisme, les ambitions du sujet doivent être pris en compte pour établir un programme d’amincissement, qui sera forcément
combiné à un programme post-régime, sorte de nouveau modèle de vie à adapter
en évacuant les erreurs passées.
Un bon régime aux effets durables est donc long, fastidieux, méthodique, et impliquant. Il ne peut se faire qu’en créant des liens forts entre le patient et le soignant : on se place bien plus dans un schéma de « coaching » que dans une prescription écrite, voire électronique, sans suivi quotidien et sans relation humaine.
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