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L’influence du corps sur les émotions


À l’inverse, notre apparence va jouer également sur nos émotions. Et cela par l’impact
même de ce physique sur l’image que l’on a de soi comme sur celle que les autres ont de
nous. Nous sommes jugés et l’on se juge en fonction de son aspect. Ce regard, ce
jugement portés à notre endroit vont susciter des émotions positives ou négatives.
Longtemps les hommes gros étaient considérés comme forts. Être gros a été, pendant
des siècles, synonyme d’être bien portant et riche. Aujourd’hui, l’ordre des choses
s’inverse en Occident. Être gros, c’est être faible, en mauvaise santé et l’obésité apparaît
de plus en plus associée à la pauvreté (le surpoids est davantage répandu au sein des
couches populaires) quand la minceur est associée à la richesse et à la santé. On a donc
une mauvaise image de soi quand on se trouve gros. Même si persiste encore, surtout
pour les hommes, l’image du bon gros sympa et rigolo – quoique la plupart des comiques
aient aujourd’hui la taille fine ! Ces kilos en excès sont donc souvent source de mal-être et
de frustration, ce qui peut générer des kilos émotionnels qui s’ajouteront aux kilos dus
aux excès caloriques ou aux gènes.
La façon de se percevoir, gros ou maigre, costaud ou fluet, lourd ou léger, varie d’un
individu à l’autre et n’est pas liée uniquement, loin s’en faut, à des critères purement
objectifs de poids, taille, volume, masse graisseuse, osseuse ou musculaire. Les facteurs
émotionnels ici jouent à plein. Telle personne menue, de petite taille, mal proportionnée,
va se sentir l’étoffe et la force pour être président de la République. Telle autre de forte
corpulence, enveloppée de muscle et de graisse, va se vivre comme une petite souris sans
aucun poids, social notamment. Pour une même personne, la perception interne de son
poids, à poids objectif constant, est également variable. Elle dépend des circonstances
externes : ainsi, dans l’ascenseur ou dans un manège de fête foraine, les jeux de
gravitation modifient notre perception. La nature du sol influe aussi sur cette sensation :
si l’on est debout sur un trampoline ou bien sur du macadam, on a l’impression de ne pas
peser le même poids. C’est aussi vrai dans l’eau ou sous l’eau lors d’exercices en plongée
sous-marine. La perception interne de son poids résulte aussi de notre position et de
notre mobilité : allongé ou debout, on perçoit son poids différemment : plus lourd en bas
qu’en haut quand on est debout par exemple. Selon que l’on est immobile depuis
longtemps ou que l’on court, la perception de notre poids est variable. L’ensemble de ces
facteurs (émotionnels, physiques et environnementaux) s’illustre dans ce témoignage de
Leïla : « Ce merveilleux matin de juillet, en vacances avec mon amoureux, je courais pieds
nus sur cette plage déserte, la brise chaude m’embrassait, je ne me suis jamais sentie
aussi légère. »
L’image que l’on a de soi diffère également en fonction de l’âge, même si, une fois
adulte, les modifications qui se produisent progressivement n’ont rien à voir en termes
d’importance avec celles qui occupent le développement du jeune enfant ou encore de
l’adolescent.
Il y a dans notre cerveau une représentation de notre corps qui évolue bien sûr en
fonction des changements corporels qui se passent tout au long de notre existence, mais
aussi en fonction des événements qui nous touchent émotionnellement. Pour résumer, il
y a deux cartes de notre corps dans notre psychisme :
La première carte s’appelle schéma corporel. Elle est dessinée par l’arrivée des nerfs et
de la sensibilité, interne et externe, dans le cerveau. Elle est peu différente d’un individu à
un autre ;
La deuxième carte, que l’on pourrait nommer notre schéma émotionnel, est plus
spécifique à chacun. Chaque partie du corps y est illustrée différemment selon la façon
dont elle est investie émotionnellement au cours du développement.
S’il s’agissait des cartes d’un pays, on verrait sur la première le nom des villes plus ou
moins importantes, des départements et des régions. Quant à la seconde, elle porterait les
marques de nos voyages et de notre vécu : par exemple, telle région serait colorée en noir
car on ne la connaît pas, telle autre en bleu car on l’a aimée, tel département aurait un
écusson car c’est celui dont notre famille est originaire, etc.

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